Il est tapi dans l’obscurité, rôde, s’invite discrètement au début, puis s’installe et enfle. Il fatigue, il épuise et il gâche la vie. Ce petit monstre tout noir, c’est le stress.
En effet, nombreux sont ceux qui consultent pour des symptômes liés à des états de stress chronique plus ou moins intenses, allant parfois jusqu’au burn-out et à la dépression.
Tenter de faire disparaître les symptômes (en avalant des comprimés) peut évidemment apporter un soulagement bienvenu, mais il semblerait intéressant de considérer le stress pour ce qu’il est : une réaction naturelle à un changement dans notre environnement (au sens très large du terme) qui représente un danger pour notre intégrité (ou parfois celle d’un autre être) et nous demande une adaptation.
Souvenez-vous lorsque nous batifolions encore quasi nus dans la savane et qu’au détour d’un paquet d’herbes hautes nous tombions nez à nez avec une lionne affamée. En une fraction de seconde, notre corps tout entier devait s’adapter et mettre à notre disposition toutes les ressources utiles pour que nous puissions faire face au danger et :
a. courir (plus) vite (qu’une lionne)
b. grimper à un arbre (mais une lionne ça grimpe très bien aussi)
c. nous battre (avec une lionne affamée… bonne chance…)
Je vous concède que malgré tout, les chances d’en sortir vivant étaient minimes. N’empêche que la décharge d’adrénaline dans notre corps permettait d’accélérer notre rythme cardiaque et notre respiration et celle de cortisol d’augmenter notre taux de sucre dans le sang, tout ça afin que notre cerveau soit en alerte et que nos muscles soient prêts à fournir un effort soudain et intense. Et c’est toujours ce qu’il se passe si vous êtes par exemple témoin d’une noyade et que vous vous jetez à l’eau pour sauver le nageur en difficulté.
À un instant T, le stress peut sauver la vie, oui ! Mais attention, si le stress s’installe, c’est tout le contraire !
La liste des symptômes est longue : difficulté de concentration, irritabilité, émotivité excessive, fatigue chronique, boule au ventre ou poids sur la poitrine, suées, maux de tête, problèmes digestifs, perte d’appétit ou au contraire boulimie, insomnie, mal de dos, éruptions cutanée, etc…
Par ailleurs, les études sont encore contradictoires à ce sujet, mais certaines ont montré de possibles corrélations entre stress chronique et développement de certains cancers. Le stress peut également être un des facteurs déclenchant des pathologies de la thyroïde. Dans tous les cas, il n’est pas le seul facteur, puisque l’émergence d’une maladie est souvent poly-factorielles, mais si nous pouvons éviter le stress chronique, nous ne nous en porterons que mieux.
Si le stress est si présent aujourd’hui, c’est que nos façons de vivre sont souvent en contradiction avec ce pourquoi nos corps (cerveaux compris) ont été originellement conçus. Nous ne parvenons plus à nous adapter, à faire face; notre intégrité physique/psychique/morale est en danger et la sonnette d’alarme se déclenche.
De quelle façon le Yoga peut-il aider à lutter contre le stress ?
D’abord parce qu’en vous offrant un moment avec vous même, la pratique du Yoga vous permet de vous reconnecter à votre corps et à votre esprit et de reconnecter les deux. Vous accorder ce moment, c’est déjà un premier pas vers une écoute bienveillante, une (re)connaissance de votre état présent. La pratique du Yoga encourage l’auto-observation sans jugement et l’acceptation du fait que chaque jour est différent, que chaque séance est unique, parce qu’elle nous amène à être dans le moment. Au contraire de beaucoup de pratiques sportives, il n’y a aucune notion de compétition, de résultat ou de performance.
Ensuite, le travail essentiel de la respiration, qui accompagne chaque mouvement, vous aide à calmer et fixer votre esprit, à relâcher les tensions musculaires, à libérer votre diaphragme. Souvent en perte de mobilité en cas de stress, il vous empêche de respirer librement et peut être la cause de maux de dos, de problèmes digestifs… En outre, lors de courts moments de méditation, vous apprenez à observer le fonctionnement de votre esprit et, petit à petit, à vous détacher de ce flot de pensées qui vous encombre. Vous apaisez votre tête et donc votre corps tout entier.
La pratique du Yoga contribue également à une bonne circulation sanguine, ce qui implique que vos organes sont mieux « nourris » et encouragés à mieux fonctionner (digestion, système immunitaire, système hormonal, fonctions d’élimination). Les postures inversées (et pas besoin de faire le poirier sur la tête pour réaliser une inversion…) sont très bénéfiques, car elles permettent un retour veineux et lymphatique. Le travail en torsion bien réalisé stimule la digestion et peut amener une grande détente, parfois une vraie libération.
La notion d’ancrage est importante dans le Yoga. On la retrouve notamment dans le travail de postures d’équilibre, mais dans chaque posture le principe est le même : construire une base solide et grandir. C’est un bon moyen de combattre cette sensation de ne plus avoir prise, ce sentiment que le sol se dérobe.
Par ailleurs, votre posture est souvent le reflet de votre état intérieur. Les deux sont intimement liés, c’est une évidence. Le travail postural, le regain de tonicité et de souplesse qu’apporte la pratique du Yoga, vous redresse et vous redonne de l’élan : une nouvelle confiance.
Enfin, dans la pratique du Yoga, nous réapprenons à notre corps les bons gestes et à notre esprit les bonnes intentions. L’état de stress chronique est souvent le résultat de mauvaises habitudes qui ont fini par prendre le dessus. Il s’agit donc d’en installer de nouvelles. Cela se fait en douceur, au fur et à mesure du chemin de chacun(e).
Pour résumer, oui le Yoga peut vous aider à mieux gérer, à réduire, voire parfois à éliminer totalement un état de stress. Dissoudre le petit monstre noir. Mais n’oubliez pas que si malgré tout votre stress persiste, c’est que le danger est certainement toujours là, que la sonnette d’alarme résonne pour vous le rappeler et qu’il est peut-être temps de changer certaines choses dans votre vie. Il peut s’agir de :
- votre mode de vie (vivre à 100 à l’heure, rechercher uniquement les activités compétitives, abus de tabac, d’alcool, de drogues ou de médicaments, mauvaise alimentation, mauvais rythmes…),
- de votre partenaire (relation toxique ou simplement en bout de course),
- de votre travail (lassitude, ennui, relation professionnelle conflictuelle, pression, perte de sens…),
- de votre lieu de vie (vous n’en pouvez plus de la ville et aspirez au grand air, vous vivez à la montagne, alors que vous rêvez de l’océan…).
Vous seul(e) le savez. Vous seul(e) avez le pouvoir de mettre en place le changement.
Et devinez quoi ? Votre pratique du Yoga pourra certainement aussi vous accompagner dans cette transition, mais ça c’est une autre histoire 😉